Les bons résultats amènent encore plus de touristes. On vient voir le
leader du championnat de France jouer à Lens comme on va voir la
dernière comédie musicale en vogue. Et puis, c’est encore mieux si on
arrive à avoir des places au milieu du joyeux kop lensois.
Comme ça, Lundi, au bureau, on pourra en raconter des choses : « Ch’éto
bioooo !!!! Y n’d’avo même qui chantaient !!! ».
C’est triste à dire, mais l’ambiance à Bollaert, c’est du passé.
Ter-mi-né.
Ca fait drôle de penser qu’on est 1er.
Samedi, j’ai eu un souvenir qui m’est revenu en mémoire : une demi-finale
de coupe de France à Bollaert contre Montpellier, qu’on perd 2-0 parce
qu’on passe complètement à côté de notre match. A la fin j’avais envie
de pleurer, mais, tout le stade avait continué à chanter et à acclamer
les joueurs d’un « Merci Lensois » qui résonne encore dans mes oreilles.
Y en avait même qui chantaient en pleurant. J’en garde encore des
frissons…
Franchement, ça fait chier d’être mis si minable maintenant. Hier soir,
je mate jour de foot, et même les neuneus journalistiques de Canal + se
foutent de notre tête à cause des ces putains de siffleurs.
La solution passe par la violence ??? Que chacun s’occupe de ne pas
donner l’envie de recommencer à son voisin siffleur. Mais j’arrive même
pas à les localiser ces sifflets. Je pense pas qu’ils viennent de la
Marek. J’ai maté dans tous les coins hier, et j’ai pas vu un seul mec
siffler. La Xerces ??? Certainement. Et puis merde…
Même à la sortie du stade on se fait chier maintenant… Avant, y avait
toujours un gugusse pour vous tenir causette et refaire le match,
refaire sa vie, refaire le monde jusqu’à ce qu’on arrive à la voiture.
Maintenant, tout ce qu’on croise, c’est des jacky tuning accompagnés de
leur blondasse à Buffalo [spéciale dedicace Pascu ! ;-)] pour qui
football rime avec McDonald, et sortie au Kes West après en se bourrant
la gueule à la bière pour jeunes (Desperado ou Corona au choix, ça
dépend des prix pratiqués par la maison).
Ainsi va le monde… On va au foot comme on va au spectacle. Avant d’aller
en boite. On sort toujours la tête haute du stade : « ON est les 1ers !
» « C’est pas en jouant comme ça qu’ILS vont être champions ».
Les gros beberts me manquent… Ceux qui arrivaient toujours à rentrer
avec leur litron de vin ou de jaune planqué dans la capuche, qui
sentaient la gauloise, l’after-shave bon marché, et surtout la piquette
de chez Codec. Ceux là même qui avaient une putain de voix que même
Pavarotti à coté on aurait dit qu’il chuchotait.
Tiens, encore un souvenir… J’me souviens du fameux Lens-Marseille 92. 48
912 personnes. J’étais en 4éme à l’epoque et j’avais loupé toute une
apres-midi de cours pour arriver à Bollaert. On était arrivés avec mon
père à 15h30 devant les grilles. Y avait déjà un monde fou… C’est blindé
à mort, et certains gars étaient blindés aussi ! lol
Ils avaient ouverts les grilles à 17h. On était là serrés comme des
sardines. Puis, ça avait été la ruée vers le centre des secondes… Mais
à cette époque on se faisait pas chier avant la match. C’est paradoxal
,parce qu’il y avait souvent 2-3 Heures d’attente avant le début. Mais y
avait toujours des gus pour vous faire passer le temps. Cette fois-là,
c’était un mec qui était rentré sur la pelouse avec son casque de
mineur, et qui s’était amusé à tirer des pénos dans le but vide !! Il
était complètement fait . Vous imaginez shooter dans un casque avec une
paire de basket ? Tout le stade était mort de rire. Ca parait
hallucinant aujourd’hui de raconter ça, tellement la pelouse est aussi
sacrée aujourd’hui que la chasteté d’une nonne. Qu’on a même plus le
droit depuis 3 ans d’aller y faire les fous pour le dernier match.
Pourtant, la pelouse était vraiment superbe à l’époque. Autre chose que
ce gazon hollandais de merde qui nous a coûté des millions et qu’on a
acheté juste parce que le prince Albert mes prônes avait acheté la même.
Enfin, bref, pour en revenir à l’histoire du gus, au bout de 20 minutes,
certains mecs du club (y avait pas ces foutus stadiers au regard vide et
qui font mal aux yeux avec leur machin fluo) avaient commencé à courser
le gars , qui s’était bien défendu d’ailleurs, et avait réussi à leur
échapper pendant 5 minutes sous le « Olé » de Bollaert.
C’est clair qu’aujourd’hui, c’est pas le crétin avec son ¾ en cuir et sa
jolie p’tite coiffe de cadre inférieur à 2 balles qui va me laisser des
souvenirs comme ça.
Enfin, bref. La vérité ? C’est que j’m’en fous … Quelque part,j’suis un
privilégié, parce que j’ai eu la chance de connaître ça. Ok, j’etais
jeune, et mon pére a connu ça beaucoup plus longtemps que moi. Mais ma
sœur a jamais connu ça elle. On sera surement champion cette année,
j’serai heureux comme un gosse certainement.. Mais, un gros sentiment
de malaise de partager ma joie avec des imposteurs.
Bon, desolé pour ce mail , mais j’ai pas beaucoup dormi, et putain que
ca me rend triste de voir Bollaert devenir une sorte de joyeux
Neuneuland…