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La force tranquille de Joël Muller

Métronome du mental lensois, Joël Muller reste égal à lui-même. D’apparence calme et détendu, il maîtrise parfaitement une ébullition intérieure qui ne demande qu’à jaillir. Un doux mélange d’euphorie et de quiétude savamment contrôlées.
Bien trop pudique pour laisser transpirer ses sentiments, l’entraîneur lensois les distille avec prudence. L’homme préfère contrôler ses sensations plutôt que de les laisser vivre. Il excelle dans l’art de donner du sens au détail sans lui prescrire une importance démesurée. Car tout est important, sans aucune hiérarchie. Même ses plaisanteries sont le fruit d’un instant de réflexion. Joël Muller pèse le poids de chacun de ses mots avec autant d’attention, voire de prudence, qu’il perçoit ceux d’autrui. Nullement réservé, il est juste mesuré. Une attitude qui suinte désormais par les pores du moindre de ses joueurs, tous convertis à l’humilité.
Rien d’étonnant donc à ce qu’il se révoltât lorsqu’on osa se faire l’écho d’un soupçon de prétention exagérée de la part de ses joueurs. L’homme ne supporte que simplicité et réalisme. Du bonheur, il ne profite qu’à son instant pour mieux se préserver d’un possible revers. Rude bonhomme que celui-ci, rompu aux caprices d’une passion qu’il qualifie de « boulot ». Un travail qu’il a pris le temps de connaître et d’apprécier au travers de ses expériences, mais qu’il aborde désormais avec une confortable sérénité : « Contrairement à ce qui était à mes débuts, je ne fais plus une fixation sur ce que je serai dans quatre ou cinq ans. Aimé Jacquet m’avait dit un jour que je trouverai une forme de sérénité, à un moment ou à un autre. »
Le bien du mal
Une quiétude apparente, fruit d’une expérience faite de réussite, mais aussi d’échecs. En 1998, Lens battait Metz sur le fil pour le titre de champion. Lorrain sans lauriers, il a retenu l’essentiel de la leçon, mais dit vouloir en garder la substance. Comme si les racines de l’actuel échec messin nourrissait déjà des ramifications il y a quatre ans. Comme un cancer ignoré qui progresse sournoisement.
Alors, forcément, de cette année 1998 - et d’autres aussi - il a tiré les enseignements. De ceux qui l’aident aujourd’hui à gérer les événements et les hommes, il dit vouloir les garder secrets. Imperceptiblement dilués dans le quotidien lensois, ils préservent de l’euphorie, contiennent l’ego.
Ignorer le lien avec ce passé reviendrait à nier la douleur. Lui a choisi de ne pas le fuir : « De l’expérience il faut savoir se servir. Que l’on soit bien ou mal classé. Mais il est aussi très bien d’avoir vécu des années de galère. Entre le Metz de 98 et le Lens d’aujourd’hui, il y a des similitudes. Mais la comparaison ne sera effectivement valable que le dernier jour de championnat. Car si le titre devait se jouer à Lyon, je ne suis pas certain que nous aurons perdu ce match d’avance... » Une réplique discrète mais directe aux propos du président Aulas.
D’ici là, les Lensois ont un chemin tortueux à accomplir, lequel passe par, justement, la visite retardée des Messins à Bollaert. Une rencontre que les Lensois vont aborder avec un moral remis à neuf à Montpellier, même si Joël Muller affirme que rien n’a changé : « Il n’y a aucune différence entre la semaine dernière et celle-ci. Les joueurs font preuve de la même sérénité et d’une pareille envie de bien faire. »
Vent fripon
Seul détail qui chagrinait l’entraîneur lensois, hier matin, ce fichu vent violent qui l’a empêché de mener sa séance matinale comme il le souhaitait, contraint qu’il fut de rallier ses troupes sous le dôme. Un entraînement que Jean-Guy Wallemme et Antoine Sibierski ne suivirent pas avec le groupe, le premier en raison d’une douleur au dos, le second soignant une entorse à la cheville.
Ce samedi, les Lensois ont assurément un coup énorme à jouer. Mais pour y parvenir, ils devront faire fi de la pression qui semble anesthésier plus d’une équipe dès lors qu’elle évolue à domicile. Un paradoxe qui n’en est pas un selon Joël Muller qui explique ce constat par l’attitude volontariste des équipes qui se rendent chez un « gros », conjuguée avec une fébrile obligation qu’a l’autre de bien faire devant son public.
Du reste, le RC Lens ne s’en est jusque là pas trop mal tiré à la maison, mais il conviendrait de prendre un peu plus d’assurance, le Racing ayant eu à plusieurs reprises le club réussite pour invité d’honneur.

Philippe LECLERCQ, lavoixdunord.fr

27/02/02